• Il y a 150 ans : la Commune

    Le 20 avril 1871, il y a tout juste 150 ans, la Commune de Paris publiait sa « Déclaration au Peuple français ».

    Ce régime révolutionnaire avait été proclamé un mois plus tôt, le 18 mars. À cette époque, la France était en plein conflit avec la Prusse et les autres États allemands coalisés autour d’elle. La guerre entraîna la chute de Napoléon III et la proclamation de la République. Mais le nouveau gouvernement céda lui aussi devant l’Allemagne. Le Peuple de Paris n’accepta pas la capitulation et fit sécession d’avec le gouvernement légal d’Adolphe Thiers qu’il considérait comme illégitime. S’en suivront des élections et la création du Conseil de la Commune. Plusieurs courants politiques y seront représentés (blanquistes, jacobins, proudhoniens…). Tous les élus étaient révocables et leurs salaires alignés sur celui des ouvriers. La majorité d’entre eux était d’ailleurs des ouvriers ou des artisans.

    Dans leur Déclaration au Peuple français, les Communards se défendent de vouloir briser l’unité nationale. Selon eux, ce sont précisément ceux qui ont trahi la Patrie en se rendant à l’ennemi (autrement dit les membres du gouvernement Thiers réfugiés à Versailles, et appelés « Versaillais ») qui lancent cette accusation fallacieuse. Ils exhortent également tous les Français à les imiter et à s’emparer localement du pouvoir politique.

    L’insurrection sera violemment réprimée pendant ce qu’on appelle la « Semaine sanglante », les Communards seront massacrés, et la Commune de Paris prendra fin le 29 mai 1871. Pourtant, en dépit de l’éphémérité de son existence (un peu plus de deux mois), la Commune jouera un rôle majeur dans l’imaginaire socialiste, en France et dans le monde. Cela tient au fait que Marx défendra la Commune dans un ouvrage rédigé durant les évènements et intitulé « La Guerre civile en France ». Et en 1891, pour les vingt ans de la Commune, Engels écrira « la Commune de Paris, c’était la dictature du prolétariat » (par cette phrase, l’auteur entendait dissiper tout malentendu sur le sens de l’expression). Par ailleurs, la Commune étant largement d’inspiration libertaire, les anarchistes eux aussi s’en réclameront. Il y a donc, sur l’héritage de la Commune de Paris, concordance entre les différents courants du socialisme, ce qui est assez rare pour être souligné.

    C’est sans doute ce qui explique que la Commune continue d’inspirer, de faire parler, de faire écrire, de faire rêver aussi. Ceux qui l’ont fait vivre voulaient une République sociale (et non une simple démocratie parlementaire formelle qui laisse le pouvoir réel entre les mains des classes dominantes). Ils furent des précurseurs en créant une École gratuite et laïque (ce qui anticipe les lois Jules Ferry de 1881-82), en proclamant la séparation de l’Église et de l’État (instituée en France en 1905) et en mettant à l’ordre du jour le droit de vote des femmes (qu’elles obtiendront finalement en 1944).

    Je laisse la conclusion au poète Jean Ferrat, qui rendit un hommage en chanson aux communards en 1971 pour le centenaire de la Commune : 

         

    P.S. : pour lire le texte intégral de la "Déclaration au Peuple français", voir Wikipédia.


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  • Commentaires

    1
    Christian
    Mardi 20 Avril 2021 à 22:22
    Très bon commentaire. ..
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